Sleeve, bypass, gastroplastie (anneau gastrique), alimentation post-chirurgie...
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par Komodo
#10532
J’ai été obèse de 1992 à 1995 (85 Kg max) puis de 2004 à 2020 (125 kg max) et j'ai perdu la totalité de mon surpoids soit 65 kg, pour atteindre mon poids de forme. Je mesure 170 cm.

J’étais grossophobe, y compris envers moi-même : je m’inspirais du dégoût et les autres me méprisaient et ne me respectaient pas. J’allais dans leur sens, comme une évidence.

J’ai été élevée dans la croyance qu’être gros était laid et je reste ancrée dans cette culture et la conviction qu’il s’agit d’une anomalie à combattre. J’ai toujours été persuadée que l’obésité n’était qu’un problème de choix alimentaire (qualité et quantité) et d’hygiène de vie (activité physique).

L’avantage indiscutable de la chirurgie bariatrique, notamment du by-pass, est l’absence d’appétence pour la nourriture. Cela supprime la frustration : on ne doit plus se faire violence pour ne pas céder à la tentation.

Mais le by-pass a des conséquences physiques et psychiques auxquelles je ne m’attendais pas :
La perte de tonus, le dumping syndrome avec ses vertiges, parfois ses nausées, sa fatigue intense
L’impatience, l’agacement, la nervosité,
Le ralentissement intellectuel, les difficultés de concentration, de raisonnement, d’assimilation.
Une mémoire défaillante, l’absence d’intérêt.
Les nuits blanches, la mélancolie

Et il y a ce trouble étrange également : le cerveau a gardé en mémoire l’association des aliments et du plaisir. Il y a un décalage, une incompréhension par rapport à cela.

Le cerveau réclame (sur la base de la mémoire) ce que le corps refuse.

« Souviens-toi, avant tu aimais le fromage et le chocolat, c’était un plaisir d’en déguster » me dit-il. Aujourd’hui, je ne ressens plus d’attirance physique pour ces deux aliments et cette sensation décalée est étrange.

On regarde les autres manger et on aimerait être à leur place sauf qu’on n’a pas faim : le corps ne réclame pas mais le cerveau en redemande. On a envie sans avoir envie.

On prépare un gâteau, il sent bon et il est appétissant : on aimerait être satisfait de pouvoir le savourer comme les autres, mais on ne ressent pas le besoin d’en manger.

Cette sensation de vide, d’ennui, d’absence est démoralisante

En fait, on ne profite plus des petits plaisirs de la vie.

On n’a plus envie de rien, on devient aigri, peu empathique, dénué d’altruisme.
Pire, un rien agace, on ne supporte ni les gens, ni les choses.

On ne boit plus, on ne fume plus, on ne mange plus, on ne copule plus (perte totale de la libido), on ne vit plus vraiment. On existe seulement.

On n’est plus acteur de sa vie, on la regarde défiler comme un spectacle insipide, inutile, une répétition lassante de journées sans saveur. Une litanie. On ne vit pas, on survit chaque journée, toutes identiques.

Durant les réunions pré-chirurgie, on survole les effets indésirables du by-pass. On n’exploite pas suffisamment certains aspects totalement inattendus, étranges et déstabilisants

Aujourd'hui, je suis mince
Mais je n'ai pas perdu que des kilos. J'ai aussi perdu une partie de ma personnalité, j'ai perdu ma joie de vivre, les choses et les gens m’indiffèrent. Je ne sais plus trop qui je suis.

Je cherche à donner un autre sens à ma vie mais je n’y arrive pas.
Et mon corps a vieilli, mon visage a désormais des rides, un excédent de peau. Je n’aime pas le voir dans un miroir, je ne le reconnais pas. Je voudrais qu’il soit différent.

Tout n’était qu’une illusion, comme chercher à remonter le temps et à redevenir comme autrefois, jeune. Mais ce n’est plus la même tête, j’ai une tête de vieille, un corps de vieille. Je réalise que je n’aurai plus jamais un corps de jeune.

Le « paraître », la bonne image sociétale et ses rigueurs ont gangréné mon équilibre et ont rongé mes espoirs à coups de chimères et de sacrifices inutiles.

C’est exactement cela : avec ce by-pass, j’ai sacrifié mon bien-être sur l’autel de mes illusions.

Le by-pass m’a juste fait maigrir, c’est tout.
Mais il a volé mon âme.
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par Lydia H
#10662
Bonjour, je me permets de vous répondre même si votre post est ancien.
Je viens de m'inscrire sur le forum car opérée d'un bypass il y a 8 jours.

Je suis attristée par votre témoignage, je vois en vous quelqu'un de très déprimé.
Je ne sais pas si vous avez eu ou avez un suivi psychologique après votre opération mais je pense que c'est primordial pour affronter les changements et les accepter.
Personnellement, je ne suis qu'au début mais je n'hésiterais pas à consulter dès que la moindre chose négative me passera par la tête.
Avez-vous une diététicienne qui vous suit pour votre rapport négatif à la nourriture ? Il doit y avoir des solutions !!!
Ne restez pas comme ça, faites vous accompagner.
En tout cas je suis toute ouïe si vous avez besoin de parler.
Bonne journée.
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